Avant de prendre des photos , je suis allé quelques fois à l’hôpital, en psychiatrie, pour communiquer avec les patients. Nouer une relation de confiance avec eux me permet de prendre de meilleures photos. Toujours pour mieux les connaitre j’ai demandé aux médecins qu’elles étaient leurs situations, ainsi que leurs différentes maladies.
En Chine, où l’apparence est primordiale il s’agit de montrer un bon visage en toute circonstance. Dans ce contexte difficile une personne hospitalisée en psychiatrie ferait perdre la face à toute sa famille, c’est pourquoi je froisse et marque des photos. Les effets sur ces photos soulignent l’abandon, ou du moins l’isolement, des patients par leurs familles. Ils servent aussi à protéger leur visage, leur identité.
Je me souviens quand j’étais petite, tous les enfants et leurs parents traitaient mal les gens qu’ils voyaient comme fous, même si ces derniers d’une part ne l’avaient pas choisi et surtout ne faisaient rien de mal. Je trouve que les personnes marginales souffrent d’inégalités dans la vie de quotidienne, c’est la raison pour laquelle je voulais me sentir réellement proche d’eux.
La première fois où je suis allée en psychiatrie j’étais impressionnée et j’avais un peu peur ; mais petit à petit, j’ai changé mon attitude face eux. Une des patientes, qui croyait que j’étais la présidente de l’hôpital, m’a demandé que je la prenne en photo. Elles ont toutes accepté de poser pour moi.
Toutes mes photos sont des portraits individuels fais dans une relation de confiance entre moi et les patients. Ces derniers ont pris différentes poses, ont exprimé différents états : croiser ses bras, ou regarder un miroir spécial, etc.
Ce que j’ai voulu également montrer c’est que contrairement à ce que l’on peut croire la plupart des patients sont inoffensifs envers les autres, et ce malgré leur grande souffrance et leur détresse. J’espère avec ce travail avoir fait prendre conscience de la terrible situation de ces personnes, et de leur avoir redonné un peu de dignité -eux qui en ont pourtant déjà tant en eux.